Carnets rouges n°17 | Octobre 2019

Politique néolibérale et rhétorique de la réforme

Sommaire

L’Édito | Christine Passerieux
Le très médiatisé ministre de l’éducation est un spécialiste du prétendu ni droite ni gauche, ce qui peut rendre difficile le décryptage de ses discours, parés d’un vernis progressiste, car c’est au nom de la lutte contre l’échec scolaire des enfants des classes populaires que sont organisés, dès les premières années de scolarité, tri et sélection.

Le dossier

La politique de J.M. Blanquer : essai de lecture au terme de deux années |André Robert
Dans la torpeur du milieu de l’été, le 28 juillet dernier, était publiée au JO la nouvelle loi dite « de l’école de la confiance » portant la marque du ministre de l’Education nationale en place depuis le printemps 2017, Jean-Michel Blanquer.

L’instrumentalisation des politiques d’éducation : le retour de l’expérimentalisme ? | Romuald Normand
En tant qu’instrument politique, l’évaluation standardisée envahit le domaine de l’éducation. Internationalement, tests, indicateurs, résultats sont la panoplie des politiques néo-libérales tandis que les enseignants et les élèves sont soumis à une obligation de résultats.

Réformes Blanquer, l’assaut contre l’école de la République | Claire Gueville
« Il n’y aura pas de loi Blanquer, j’en serai fier » affirmait le tout nouveau ministre en mai 2017. Tout commence donc par un mensonge. Le ministre de l’Éducation nationale va dérouler en effet une feuille de route, largement annoncée dans ses livres mais jamais officiellement exposée d’un bloc, toujours par bribes.

Apprendre n’est pas ce qu’une certaine neuroscience cognitive nous raconte | Lucien Sève
Donc, l’école publique française n’a pas seulement la chance d’avoir pour ministre la plus médiatique des personnalités, elle a aussi pour penseur pédagogique en chef le plus titré des neuroscientifiques, premier disciple de Jean-Pierre Changeux qui fonda naguère la science française de l’homme neuronal – Stanislas Dehaene. Lequel a entrepris de nous apprendre ce que veut dire apprendre. Et bien qu’il soit hardi de ramener à un bref article en noir le contenu érudit d’un gros ouvrage bourré d’imagerie cérébrale en couleurs, prenons le risque.

La mécanique Blanquer : augmenter les probabilités du probable | Guy Dreux
Jean-Michel Blanquer n’a jamais dissocié les réformes du lycée, celles du baccalauréat et celles du premier cycle universitaire. D’emblée il inscrit sa politique dans ce qu’il est convenu désormais d’appeler le Bac-3/Bac+3. Il s’agit alors d’organiser un continuum de six années qui présente une cohérence par le principe qui le régit. En ce sens, il est essentiel de comprendre que le lycée encore conçu comme la poursuite du collège et la fin de l’enseignement secondaire n’existe plus

Blanquer ou le consensus obligatoire | Patrick Singéry
J.M. Blanquer écrit et s’exprime beaucoup. Il ne s’agit pas ici seulement de l’habituel exercice de communication auquel s’adonne tout ministre, mais d’une véritable mise en récit cohérent de son action politique. Ce récit est en lui-même une arme politique redoutable pour un ministre qui ne néglige aucun support lui permettant de le diffuser.

Asservir l’enseignement professionnel aux besoins de l’économie | Eric Nicollet
La transformation de la voie professionnelle scolaire et la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » réformant l’apprentissage, sont deux réformes simultanées et complémentaires au service d’une même logique : le transfert aux entreprises du pilotage de la formation professionnelle.

Des moyens pour l’école ? Quand la question de l’agir enseignant est au cœur de la guerre scolaire | Adrien Martinez
Avec le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire, « un levier pour la réussite de tous les élèves », JM Blanquer a fait sienne la revendication d’une diminution du nombre d’élèves par classe, portée pendant longtemps et encore aujourd’hui par le syndicalisme.

L’école de l’aliénation contre l’école de l’émancipation | Laurence de Cock
Il n’est pas rare que quelques malentendus s’installent entre les enseignants, que l’on dit prompts à se plaindre presque rituellement, et les familles ou l’« opinion publique » qui ne saisissent pas forcément les enjeux des critiques. Ce fut le cas récemment autour des réformes du ministre Jean-Michel Blanquer adoptées en rafales, et qui, en apparence, donnaient l’impression bienvenue de décrasser un système enkysté dans ses défaillances.

Des finalités ambiguës de l’exemplarité dans l’article 1a de la loi Blanquer | Paul Devin
L’article premier de la loi pour l’école de la confiance a introduit l’exigence d’exemplarité des enseignants comme un principe du Code de l’Éducation. D’aucuns pourraient considérer que cette exigence ne procède que d’un élémentaire bon sens, l’éducateur devant donner l’exemple des valeurs qu’il cherche à transmettre. Mais peut-on croire que la seule intention de cet article soit de légiférer un principe éducatif ?

L’entretien

Entretien avec Emmanuel Trigo
Professeur des écoles, secrétaire départemental de la FSU dans le Var

Propositions de lecture

Note de lecture proposée par Christine Passerieux
Michel Blay & Christian Laval, Neuropédagogie. Le cerveau au centre de l’école, Tschann & Cie, 2019.

Note de lecture proposée par Christine Passerieux
Régis Ouvrier-Bonnaz, Pour Lire Wallon sur l’orientation, Les éditions sociales, 2019

Littérature jeunesse proposée Françoise Chardin
Stéphane Michaka, La Mémoire des couleurs, Pocket Jeunesse, 2018.

Littérature jeunesse proposée Françoise Chardin
José Eduardo Agualusa, Le Peuple de la brume, Pocket Jeunesse, 2018. Traduit du portugais (Angola) par Dominique Nédellec.