La bourrasque | Mo Yan et Zhu Chengliand
La bourrasque,
Mo Yan et Zhu Chengliand,
traduction et adaptation de Chun-Liang Yeh, HonkFey, 44 pages, 15,90 euros, 2022.
À partir de 6/7 ans
C’est la première fois que le petit garçon accompagne son grand-père jusqu’à la prairie pour, avec lui, faucher l’herbe destinée aux bêtes. Le garçon se laisse conduire, bercé par la voix du vieil homme qui chante une drôle de chanson, venue de fort loin, semble-t-il. Il écoute les explications sur les gestes à accomplir et se met au travail. Mais, très vite, il délaisse la faucille, court après les oiseaux et après les criquets (que grand-père rôtira pour le déjeuner). Après le repas, le garçon s’installe pour la sieste, pas le grand-père tout à sa besogne. Mais soudain : « Petit Xing, le temps tourne. Il faut se dépêcher ». Xing aide grand-père à charger l’herbe sur la charrette, grand-père se place derrière pour pousser, le garçon devant pour tirer. Une colonne noire monte jusqu’au ciel. « Ce démon m’attrapa par le ventre, se souvient Xing, et me souleva presque de terre. » Le retour à la maison s’avère difficile, incertain. Au plus fort de la bourrasque, l’herbe fraîchement coupée s’envole et se disperse dans les airs. Ni le grand-père, ni son petit-fils n’y peuvent rien. « La nuit va tomber. Rentrons. » dit grand-père, les yeux emplis de larmes. Un peu après, un peu plus loin, Xing jette dans le vent (qui s’est calmé) l’unique brin d’herbe témoignant de cette aventure. Sans jamais l’écrire de manière appuyée, Mo Yan fait sentir, à chacune des étapes du récit, pourquoi cette journée sera fondatrice pour le petit garçon. Les illustrations du peintre Zhu Chengliang accompagnent le texte – dont Xing, tout juste sept ans, est le narrateur – d’instantanés qui montrent un grand-père vaillant et un peu bourru, un petit-fils observateur et réactif, une nature généreuse souvent, parfois soudainement hostile. Dans cet album, présence d’esprit, détermination et courage auront empêché le pire.