Il court ! | Cécile Alix et Bruno Pilorget

Il court ! 
Jesse Owens, 
un Dieu du stade chez les nazis,
Cécile Alix et Bruno Pilorget,
L’Élan vert, 88 pages, 
16,00 euros, 2022.

À partir de 9/10 ans

Depuis qu’il sait marcher, James Cleveland Owens, né petit-fils d’esclave dans une famille pauvre de l’Alabama, saute et, mieux encore, court. On sait (ou on a oublié) que Jesse Owens, athlète afro-américain opiniâtre, remporta quatre médailles d’or aux Jeux olympiques de Berlin de 1936 organisés par le parti nazi au pouvoir en Allemagne. On sait (ou on a oublié) qu’Adolf Hitler quitta la tribune pour éviter de serrer la main de l’athlète noir. Dans un texte vigoureux et tendu, quasi haletant, Cécile Alix revient, à mi chemin entre le roman et le documentaire, sur l’enfance de Jesse Owens dans l’Amérique du For White Only. « Il n’y a pas de chauffage dans le taudis qui sert de logis. Deux pièces où s’entassent onze enfants et leurs parents, un abri ouvert à tous les vents et à la vermine ». Elle raconte la ségrégation qui ronge les États-Unis et aussi que Jesse Owens protesta en vain auprès de son coach contre l’éviction de Sam Stoller et de Marty Glickman, athlètes juifs, du relais 4×100 mètres. L’ouvrage se clôt par une double-page résumant la vie de Jesse Owens après sa quadruple victoire. Le livre, petit format 20×15 à la maquette élégante, alterne avec bonheur photos d’époque et illustrations d’aujourd’hui dues à Bruno Pilorget dont les encres aux couleurs éclatantes tranchent avec le noir et blanc des photographies. « Cette percussion de la couleur », dit l’illustrateur, « très vive, très dense, rappelle le monde du sport ». Jesse Owens disait : « Nous avons tous des rêves. Pour les réaliser, il faut beaucoup de détermination, de dévouement, d’autodiscipline et d’efforts ». Et, lucide, il ajoutait : « Il faut trois muscles pour sourire et vingt six pour froncer les sourcils ».