Édito | Tous capables ! mais de quoi ?
Lucien Sève, a le premier, dès 1964, et dans la plus grande solitude récusé l’idéologie des dons, qu’il qualifie de « préjugé barbare ». Quelques années plus tard le GFEN lançait le pari philosophique du « tous capables ». Aujourd’hui, parée d’autres oripeaux (handicap socioculturel, égalité des chances), cette idéologie des dons perdure dans le discours libéral qui poursuit son entreprise de relégation, d’exclusion, en tentant de faire accepter ce qui relèverait de la fatalité. Echec scolaire massif des enfants issus des classes populaires, déni de professionnalité, empêchant chacune et chacun d’être acteur de sa propre vie et du mouvement du monde.
Interdit de pensée, car là est le danger pour un ordre qui se veut établi.
La conviction de la capacité de tous à se transformer, inventer, est loin d’être partagée, y compris parmi les progressistes. Il est difficile, parfois décourageant, de lutter contre de fausses évidences martelées dans les discours médiatiques et politique dominants. Le combat doit encore être mené car, lorsque les conditions en sont créées, la preuve est mainte fois faite que les prétendues différences naturelles sont des inégalités en rien inéluctables. Des élèves en réussite, des travailleurs et parmi eux des enseignants, reprenant la main sur leur métier nous alertent sur la nécessité absolue de penser que le tous capables est une réalité incontournable pour penser et initier des changements à la fois possibles et nécessaires.
Christine Passerieux
Comité de rédaction de Carnets rouges
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