Pain, beurre et chocolat | Alain Serres
Pain, beurre et chocolat,
Alain Serres,
Illustrations de Suzy Vergez,
Rue du monde, 2022, 40 pages.
À partir de 4 ans.
Pour ses quarante ans d’activités d’auteur jeunesse, Alain Serres redonne vie à son premier album, publié en 1982 à La Farandole, avec des illustrations de Selçuk Démirel. Vingt ans après, il avait, chez Rue du monde, republié une première fois son texte en confiant les images à un duo de jeunes illustrateurs qui avaient choisi de signer Le 109. On pensera, sans risque de se tromper, que les jeunes lecteurs ne furent pas les mêmes et, que, aujourd’hui encore, une nouvelle cohorte d’enfants accompagnera Margaux dans ses calculs. Le point de départ est une découverte étrange dont les petites filles imaginatives ont le secret. Dans une bulle d’air de la mie de sa tartine, Margaux aperçoit, grâce au microscope qu’elle a dans la poche, le père de Jérôme, boulanger de son état, puis, juste à côté, des champs où pousse le blé, puis des paysans et des meuniers tout à leur labeur. Dans une autre bulle, elle voit cinq couturières « qui découpent des sacs pour tasser la farine » et douze gratteurs de flaques « qui pêchent des grains de sel dans la mer, pour saler la pâte à pain ». Une dizaine de pages plus loin, Margaux, faisant le total d’une addition pas banale, obtient un nombre à soixante-douze chiffres. Soit la somme de toutes les personnes – vraiment toutes, y compris maman et papa – qui peuvent être rattachées à son goûter « par des fils en mie de pain, en beurre et en chocolat ». À ce moment de l’histoire, il reste à remercier tout le monde et Margaux a une idée. Comment ça, pas possible de remercier tout le monde ? Les bonnes copines qui, le lendemain, rejoignent la fillette pour un autre goûter (de la glace à la fraise des bois), auraient plutôt tendance à croire que ce fut fait. Suzy Vergez, illustratrice, est, elle aussi, complice et, dans des images poétiques et concrètes à la fois, très colorées, elle s’amuse, pour cette cause généreuse, à mêler les chiffres et les gens. Sans oublier les oiseaux, bien sûr, qui ont tout compris.