Haut les cœurs | Christophe Léon
Haut les cœurs,
Christophe Léon,
Illustrations d’Elsa Oriol,
D’eux, 2002, 44 pages.
À partir de 10 ans.
C’est une courte nouvelle à propos de la traversée d’un deuil racontée du point de vue d’un enfant d’une dizaine d’années, un petit Cyprien qui, en vacances chez son grand-père, observe, constate, ne comprend pas, comprend mieux, comprend tout à fait. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance car le comportement de papy Gabriel, veuf depuis peu, le déconcerte. Non, ce n’est ordinaire que, lorsqu’on a récemment perdu son épouse, l’on agisse ainsi.
Dans la vraie vie – et non dans une fiction – est-ce même possible ? D’étonnement en questionnement, Cyprien passe, cet été, des vacances inhabituelles. Les parties de pêche et les promenades à vélo, çà, bien sûr, c’est comme les années précédentes, mais pourquoi, alors que mamy Annette n’est plus là, le ménage est-il toujours aussi bien fait ? Et, surtout, pourquoi donc se rendre à la cuisine, la nuit, pour boire un verre d’eau, devient-il une expérience perturbante ? Avant que son grand-père ne lui dévoile son secret, Cyprien comprendra. Disons qu’il comprendra le comment sans comprendre le pourquoi. Il faudra la confession d’un papy Gabriel, acculé certes mais surtout en confiance, pour que s’instaure entre l’aïeul et l’enfant une tendre et réconfortante complicité. Le talent audacieux de Christophe Léon est de se faire suffisamment ingénieux pour parvenir à faire admettre à des lecteurs éventuellement sceptiques la véracité singulière de son récit. Elsa Oriol, dont on connaît bien la palette aux couleurs adoucies, a choisi un noir et blanc délicat laissant voir, comme dans un carnet de croquis, les traces du crayon. La dernière phrase du livre, pour intriguer sans rien révéler : « Longtemps Gabriel garde son bras levé, puis il rentre dans la maison retrouver Annette. »