Carnets rouges n°14 | Octobre 2018

Sciences et éducation

Sommaire

L’Édito | Christine Passerieux

Le dossier

Neurosciences : enjeux sociétaux et éthiques | Catherine Vidal
Avec l’explosion contemporaine des neurosciences, le cerveau est devenu la métaphore de référence pour décrire l’être humain dans son individualité, sa subjectivité, ses actions, sa vie privée et sociale (Charmak 2015, Choudhury 2009, Racine 2010). La rapidité avec laquelle les sciences du cerveau s’insinuent dans la société est frappante. Depuis une dizaine d’années on ne peut que constater l’impact croissant des neurosciences dans les représentations culturelles, l’éducation, les médias, mais aussi dans les milieux industriels, financiers, politiques, militaires. Le « neuro » est partout : neuroéconomie, neuromarketting, neurophilosophie, neuroéducation, neurogymnastique… et même neuropolitique.

Les sciences, leur histoire, leur enseignement | Pierre Crépel
Le terme « sciences » n’est pas si facile à définir. Est-il préférable d’en parler au singulier ou au pluriel ? Peut-on décrire clairement leur naissance, leur histoire ? A quoi pourrait-on les opposer ? A l’indifférence, à la routine, à l’amateurisme, à la spontanéité, à la littérature, aux arts, aux techniques, à la religion, à la superstition, à la « sagesse », au « bon temps » ? Faut-il insister sur les méthodes, sur les résultats, sur les doutes ?

L’école et l’empire | Olivier Rey
On a parlé, à propos des contrées sur lesquelles des souverains comme Charles Quint au XVIe siècle, ou Victoria au XIXe, régnaient, d’« empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ». Les mastodontes coloniaux ont vécu, mais leur poussière à peine retombée un nouvel empire s’est étendu à la surface de la terre, plus universel que tous ceux qui l’ont précédé : l’empire du management.

Quelle conception de la recherche en éducation ? | Gérard Sensevy
L’idée que la science puisse aider à la vie bonne est très ancienne. L’idée qu’elle puisse contribuer à rendre les pratiques humaines plus efficaces l’est presque autant. Mais de quelle science parle-t-on ? Qu’est-ce qui, dans la science, lui confère ces propriétés ? Et quel est le sens de ces questions si l’on considère les pratiques d’éducation ? Les lignes qui suivent constituent une petite exploration de ces interrogations.

L’enseignant et le chercheur. Un état des lieux à l’ère des neurosciences | Stanislas Morel
La plupart des professions, même les plus prestigieuses, doivent composer avec les « progrès » de la science. Le médecin, le psychologue, l’ingénieur, l’architecte, l’avocat, l’enseignant ne peuvent se couper du monde de la recherche fondamentale ou appliquée en lien avec leur domaine d’activité et leurs pratiques évoluent nécessairement en fonction des apports ou des modes scientifiques. Néanmoins, en règle générale, les professions sont particulièrement attentives à ce que les représentants du monde de la recherche ne remettent pas en cause leur autonomie.

Vraies sciences et bonnes pratiques. Quelles relations entre recherche et pratiques professionnelles dans la formation ? | Patrick Rayou
Les spécialistes se pressent au chevet d’une école mal en point et chacun y va de sa panacée. La tentation scientiste est forte, qui voudrait faire l’économie des questions de métier que pose nécessairement l’extension à tous les jeunes d’une scolarisation ambitieuse. Loin de nous déjà, LA science de l’éducation a tenté, lors de la création de l’école républicaine, de transformer les pratiques d’enseignement dans un sens plus conforme aux idéaux politiques de l’époque, mais la « science par décret », fondée sur des considérations aussi générales que prescriptives est toujours vouée à l’échec

Sur la prolétarisation | Hervé Le Fiblec
La thèse de la « prolétarisation » des enseignants n’est pas tout à fait nouvelle. Dès les années 1970, dans le contexte nord-américain, elle est un marqueur de discours syndicaux, notamment de la Centrale des Enseignants du Québec (CEQ), et apparaît au début des années 2000, en France. Elle donne cependant lieu à des débats très ambigus du fait de la polysémie du terme.

L’éducation nouvelle et la pédagogie scientifique | Paul Devin
Alors que l’autoritarisme ministériel de Jean-Michel Blanquer prétend se fonder sur les vérités incontournables d’une science qui serait capable de déterminer avec certitude l’action professionnelle des enseignants, il est sans doute utile de se pencher sur les idées de ceux qui, il y a maintenant un siècle, affirmèrent pour la première fois la volonté de fonder une pédagogie scientifique. Car ils ne le firent pas pour légitimer une prescription méthodologique par l’administration d’une preuve mais, tout au contraire, pour libérer l’éducation des conceptions traditionnelles de dressage et de conditionnement qu’ils associaient à un modèle de société qu’ils condamnaient parce qu’il avait entraîné les humains dans les horreurs de la Première guerre mondiale.

La transmission des sciences et techniques, clé du progrès à l’ère numérique | Sébastien Elka
Entre instrumentalisation marchande et rejet obscurantiste, la transmission équilibrée des savoirs scientifiques et techniques est l’un des enjeux majeurs de l’ère numérique, une clé pour la refondation d’un contrat social de progrès

Sciences économiques, science et politiques économiques | Philippe Batifoulier, Victor Duchesne & Nathan Paloque
Faut-il augmenter le salaire minimum ? Quelle doit être la durée légale du travail ? Le commerce international est-il bon pour la croissance économique ? Quel niveau de croissance faut-il pour assurer le plein emploi ? Que penser de la monnaie unique ? Par ses capacités prédictives, d’analyse globale ou de mise en chiffre de phénomènes abstraits, l’économie en tant que discipline scientifique a la particularité, par rapport à d’autres disciplines, d’être une science intimement liée au pouvoir qui est capable de répondre à ces questions à travers les « conseillers du prince ».

L’entretien

Entretien avec Roland Gori

Propositions de lecture

Notes de lecture

Lectures jeunesse