Lectures Jeunesse,  Numéro 12

Guerre à la guerre

Guerre à la guerre
Anthologie, Editions Bruno Doucey, 2014.

Lecture jeunesse proposée par Justine Donnard.

Guerre à la guerre est un recueil de 46 poèmes issu d’une « collection engagée » des Editions Bruno Doucey : « poés’idéal ». On y trouve aussi les titres suivants : Passagers d’exil, Chants du métissage, Quand on n’a que l’amour et Vive la liberté ! Ces recueils sont tous illustrés par Bruce Clarke, plasticien sud-africain. Cette collection invite la jeunesse à s’ouvrir à la poésie pour questionner et comprendre le monde, pour ressentir et trouver les mots qui expriment l’émotion, l’indignation, la révolte…

L’anthologie Guerre à la guerre regroupe des textes écrits au XXème siècle pour la plupart, siècle marqué par des guerres qui interrogent toujours notre présent et qui nous menacent encore.

Le ton est donné : dire NON à la guerre, impliquer la jeunesse dans une responsabilité collective, éveiller les consciences, entendre les maux d’hier pour dire à son tour « Plus jamais ça ».

Des témoignages des tranchées de la guerre de 1914-1918 « Je l’ai reçu dans la fesse / Toi dans l’œil / Tu es un héros, moi guère » (Julien Vocance), aux refus des dictatures franquiste ou militaire au Chili, les auteurs sont aussi des résistants au fascisme qui s’est répandu en Europe comme Louis Aragon, Paul Éluard, ou Marianne Cohn, mais aussi des rescapés des camps comme Charlotte Delbo qui écrit une Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants. On rencontre également des poèmes d’opposants aux guerres du Moyen-Orient : Georges Schehadé et Andrée Chedid contre la guerre au Liban, la syrienne Maram al-Masri, l’afghane Fawzieh Rahgozar ou encore les poètes palestiniens Ronny Someck et Mahmoud Darwich.

Ces femmes, ces hommes étaient déjà poètes ou le sont devenus face au danger, comme le souligne Lucie Aubrac dans La Résistance expliquée à mes petits-enfants : « Vous savez, tout le monde est un peu poète. Des vers, on ne les oublie pas, on les écrit sur les murs de sa cellule, on les récite dans les camps, on en fabrique. (…) Dans ces moments partagés, nous trouvions notre force. »

Comme l’écrit l’éditeur : « La poésie apparaît bien comme une réponse au désastre de la guerre. Quand l’humain est anéanti, que le mal se répand sur la Terre comme la gangrène, elle est cette petite flamme qui ne veut pas s’éteindre, une lueur d’espoir dans les ténèbres. » « Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, / Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères ». (Robert Desnos)

Des poilus, des mutilés, des détenus, des déportés, des Résistants, des exilés, des militants pacifistes qui disent leurs colères, leurs douleurs, leurs espoirs (…) « Puisque dans tous les pays, au nord et au sud, / Collés au ventre de la terre, / Nourris du sang de la terre, / Il y a des hommes têtus accrochés à la vie. » (Armand Monjo)