Numéro 9,  Propositions de lecture

Disciplines et interdisciplinarité | Regards croisés n°20

Regards croisés n° 20, « Discipline et interdisciplinarité »,
octobre, novembre, décembre 2016.

Note de lecture proposée par Christine Passerieux

Regards Croisés est une revue trimestrielle de l’Institut de recherche de la FSU. Le dossier du dernier numéro est consacré aux travaux menés au cours d’un chantier mis en place par l’Institut, où sont intervenus des chercheurs, des enseignants syndicalistes lors de trois séminaires.

Le dossier permet d’engager une réflexion, en sortant d’un affrontement binaire qui opposerait pro-disciplines et pro-interdisciplinarités. Il remet en perspective l’apport d’un découpage des savoirs en disciplines, et la transposition didactique de ce découpage dans le champ des disciplines scolaires, qui évoluent dans leurs contenus, sont régulièrement reconfigurées car elles sont le produit d’une construction sociale et politique.

Comment provoquer (et pas seulement permettre) l’entrée de tous dans les apprentissages scolaires ? L’interdisciplinarité, écrit Elisabeth Bautier dans son article, « est le fruit d’une socialisation langagière et cognitive, qui ne fait guère partie actuellement des programmes d’enseignement et de formation ». Si l’interdisciplinarité peut favoriser une approche complexe des objets du monde, faire comprendre que la résolution d’un problème ne passe pas nécessairement par des réponses uniques, ne relève ni de l’intuition ni de l’opinion personnelle, encore faut-il que les élèves qui rencontrent des difficultés pour analyser, mettre en relation, convoquer les savoirs nécessaires, utiliser le langage de l’élaboration, de la construction de ce qui n’est pas là, bénéficient de l’enseignement « d’un regard instruit » (Bernard Rey) nécessaire pour aborder des situations complexes.

L’interdisciplinarité, fort longtemps confondue avec la pluridisciplinarité dans une logique cumulative, ne s’oppose donc pas aux disciplines mais nécessite d’être définie, mise en travail dans ses attendus en repérant dans tous les programmes scolaires les objets d’étude qui peuvent servir de support à une démarche interdisciplinaire » car la nécessité pour l’école est de « faire culture » (Roland Hubert).

C’est dans cette perspective que des contributions nombreuses, dans plusieurs champs de savoirs, analysent en quoi « l’interdisciplinarité produira une plus-value » (Claire Pontais. Christian Couturier) et quelles conditions il faut créer pour favoriser la nécessaire mobilisation (qui n’est pas la motivation agissant de l’extérieur) de tous les élèves. Mobilisation qui se fait dans la construction du sens des apprentissages, comme conquête de pouvoirs d’agir et de penser, condition même de l’émancipation. « L’enjeu est considérable. Il en va de la démocratisation de la réussite scolaire. » (Paul Devin)